Observer pour inventer : la ville d’après

Abstract

Presque 40 ans après, imaginons ce que serait le carrefour Mabillon sous la plume de Perec : “19 mai 2020. 3, 4, non 5 SUV défilent, les conducteurs aux visages masqués, au passage 3 piétons attendent le feu, chacun à distance. A chaque arrêt, la même appréhension: où se place-t-on par rapport à ceux déjà-là et ceux qui suivent ? Une femme à l’épaisse frange passe, le bec couvert d’un ancien tablier fleuri qui seul souligne ses yeux. Un policier à l’angle de la rue du Four apparaît, un smartphone à la main. Son collègue le rejoint et se tient derrière lui au mètre réglementaire. Un camion DHL traverse, un cycliste Uber-Eat le suit à la trace. Deux hommes rejoignent le carrefour d’un pas lent, ils entretiennent une conversation par-dessus la chaussée malgré le trafic. 535 véhicules, 319 motos, 146 camionnettes de livraisons, 122 velos, 42 bus. 83 hommes, 54 femmes, 39 enfants, 12 chiens. 95 masques blancs, 26 masques noirs, 13 masques imprimés, 4 masques verts.

Publication
EspacesTemps.net